Les expériences scientifiques ont montré qu’un exercice physique aigu et intense est clairement associé avec une production d’espèces oxygénées activées (« radicaux libres ») potentiellement toxiques pour l’organisme (oxydation des lipides pouvant conduire à l’apparition de blessures). Dans ce contexte, une idée plus que largement répandue depuis de nombreuses années, est qu’il faut supplémenter les sportifs avec des compléments antioxydants (vitamines C et E, ubiquinone,…) afin de limiter les effets délétères de ces dérivés toxiques de l’oxygène.
Cette approche est actuellement complètement remise en question. D’abord, les études d’intervention avec des compléments antioxydants chez des sportifs de haut niveau n’ont pas permis de démontrer clairement une diminution de l’incidence des blessures et, surtout, une amélioration de la performance sportive. Ensuite, l’avènement de la biologie moléculaire nous a appris que les espèces oxygénées activées ou EOA contribuent paradoxalement à… augmenter les très performantes défenses enzymatiques antioxydantes (superoxyde dismutase, glutathion peroxydase), qui sont beaucoup plus efficaces que les simples vitamines C et E. Ce phénomène mieux connu sous le nom d’hormésie permet à l’organisme de s’adapter à des doses modérées d’agents toxiques.
Donner des compléments exogènes en antioxydants piégeurs des EOA, qui plus est, à de fortes doses, peut donc, paradoxalement, bloquer un mécanisme naturel protecteur contre ces mêmes EOA. Chez des sportifs de haut niveau, une éventuelle complémentation en antioxydants ne pourra donc s’envisager que lorsque les défenses antioxydantes enzymatiques sont diminuées de manière significative. Seule une prise de sang réalisée dans de bonnes conditions analytiques permettra d’évaluer si c’est effectivement le cas, suite, par exemple, à une surcharge de travail physique ou à un entraînement non adapté.
Pour Monsieur « Tout-le-Monde, précisons qu’une activité physique pratiquée avec modération (marche, vélo, danse, course à pied,…) à raison d’une demi–heure 3 fois par semaine sera le meilleur moyen, via une production modérée d’EOA, d’augmenter ses défenses antioxydantes enzymatiques, et donc, de se prémunir de la meilleure façon possible contre les accidents cardiovasculaires et les cancers.
Références