Voyons un peu, à présent, tous les signes et symptômes susceptibles de trahir une faiblesse thyroïdienne chez les enfants. Ceci ne vise en aucune façon à prescrire des traitements hormonaux thyroïdiens chez les petits, sauf nécessité bien entendu, mais plutôt à soutenir la fonction thyroïdienne si besoin en est. Il s’agira par exemple de donner de l’iode souvent déficitaire chez les plus jeunes, pour autant que le déficit soit effectivement établi sur base d’un dosage urinaire (car je ne suis pas partisan d’une supplémentation aveugle en iode). N’oublions pas d’utiliser l’échographie thyroïdienne qui permettra d’objectiver toute glande anormale (un seul lobe) ou hypotrophique (trop petite, moins de 2 à 3 ml par lobe).
Les premiers thyroïdologues, il y a un siècle, connaissaient bien (en réalité, mieux : il n’y avait pas de bilans sanguins !) la clinique de l’hypothyroïdie, notamment chez les enfants. Ils les trouvaient constipés, avec des attaques de diarrhée lorsque les selles bloquées fermentent au point de faire sauter le bouchon par sa liquéfaction. Leur abdomen est anormalement sensible, voire douloureux au niveau de la fosse iliaque droite (valve iléo-cæcale gorgée de levures intestinales). Les amygdales et/ou les végétations adénoïdes apparaissent enflammées, hypertrophiées, au point de gêner la respiration et la déglutition.
L’hypothyroïdie provoque le relâchement des tendons expliquant des réflexes tendineux amoindris (ceux qu’on évalue avec un petit marteau). On ne s’étonnera donc pas de trouver des pieds plats (valgus) chez les enfants insuffisants thyroïdiens. L’hormone thyroïdienne activant puissamment la croissance, il faut aussi s’attendre à un retard de croissance : un enfant trop petit pour son âge (en fonction des courbes taille et poids) doit éveiller les soupçons, même s’il ne présente pas d’autres symptômes évoquant une faiblesse thyroïdienne. Un diagnostic à ne pas louper car la correction rétablit la croissance.
L’énurésie nocturne (pipi au lit) constitue un signe très intéressant : ces enfants dorment souvent très profondément et le réveil normalement déclenché par la sensation de vessie pleine (vu les besoins plus fréquents d’uriner ou pollakiurie) ne se produit pas. Que de petits drames familiaux seraient évités si on indaguait correctement dans tous ces cas…
Il existe une forte relation entre l’hypothyroïdie maternelle qui affecte malheureusement le fœtus et une baisse relative (entendez par rapport à ce qui aurait dû arriver normalement) du quotient intellectuel. On trouve également, dans ces cas malheureux non détectés et non traités, des troubles du développement cérébral. Les liens avec la problématique du déficit d’attention et de l’hyperactivité s’avèrent démontrés et publiés. Dans un modèle animal (chez le rat) où on induit une hypothyroïdie maternelle par l’administration d’un médicament antithyroïdien, la progéniture présente un comportement de type hyperactif.
Toutes les références des publications évoquées dans ces blogs sur la thyroïde peuvent être consultées dans la rubrique « Conferences – Functional Hormonology – Thyroid » lorsque vous accédez au site internet www.gmouton.com (téléchargement gratuit des conférences).
Pour terminer cet avant-dernier blog, abordons brièvement les moyens de repérer une hypothyroïdie spécifiquement chez les « pères », donc les symptômes masculins, car nous consacrerons le prochain et dernier blog à toutes les manifestations de l’hypothyroïdie apparaissant chez les « mères ». Croyez-moi, il conviendra d’y dédier un blog intégral !
Les hommes hypothyroïdiens se plaindront plus souvent d’un manque de libido, d’une éjaculation prématurée ou de dysfonction érectile. Tous ces problèmes déclenchent en général des recherches biologiques au niveau des hormones sexuelles masculines et on passe donc souvent à côté d’une insuffisance thyroïdienne. Plus intéressant encore, la littérature médicale témoigne du fait que la correction d’une fonction thyroïdienne éventuellement déficiente procure une amélioration de toutes ces plaintes « masculines »…