On en compte malheureusement des dizaines ! Je tiens vraiment à consacrer, une dernière fois, un blog aux principales molécules chimiques possédant, dans ce cas-ci, une activité œstrogénique et venant polluer notre environnement ou notre alimentation. On les appelle souvent des « œstrogène-like » ou encore des « xéno-œstrogènes », à l’image de toutes ces substances toxiques artificielles inventées par l’homme et surnommées « xénobiotiques ».
C’est la troisième fois que nous abordons ce thème, après les perturbateurs endocriniens favorisant l’hypothyroïdie (blog # 24 & blog # 25) et l’obésité (blog # 42). Ces listes peuvent se recouper, en particulier parce qu’il existe une certaine parenté structurelle entre les différentes hormones riches en cycles à six atomes de carbone. Toutefois, chaque fonction endocrinienne peut être affectée par l’action de xénobiotiques perturbateurs spécifiques.
Nous commençons par les xéno-œstrogènes déjà cités dans les quatre blogs susmentionnés. Nous renvoyons à l’étude sur les perturbateurs de la fonction thyroïdienne pour ce qui concerne les biphényles polychlorés (PCBs) et les pesticides organochlorés (notamment le DDT), dont la structure chimique rappelle fortement celle de ces différentes hormones.
L’acide perfluorooctanoïque (PFOA) est largement présent dans le revêtement des poêles au Téflon° ; plus généralement, il est utilisé comme antiadhésif dans d’innombrables applications. Ce perturbateur thyroïdien s’avère aussi être un puissant xéno-œstrogène. Avec son comparse le perfluorooctane sulfonate (PFOS), il est tenu pour responsable de la baisse alarmante des spermatozoïdes chez les hommes contaminés. Leur élimination des fameuses poêles au revêtement antiadhésif n’est toutefois pas garantie avant l’année 2015.
Les phtalates auront finalement été abordés dans la totalité de nos blogs consacrés aux perturbateurs endocriniens. Pouvant générer des hypothyroïdies et favorisant l’obésité, ils possèdent en plus une activité de type œstrogénique d’autant plus redoutable qu’on les retrouve dans la majorité des produits cosmétiques dont les femmes sont, dit-on, grandes consommatrices. Le di-éthyl-hexyl-phtalate (DEHP), déjà évoqué en tant qu’obésogène, semble responsable d’un développement mammaire précoce (« thélarche prématurée »).
Le bisphénol-A est connu pour causer de l’obésité et du diabète, mais il possède aussi des propriétés œstrogéno-mimétiques. Capable de se fixer sur les récepteurs à l’œstradiol, il stimule la formation des kystes ovariens et il contribue plus que probablement à l’épidémie actuelle de syndrome des ovaires polykystiques qui affecte tant de jeunes femmes…
Passons maintenant en revue les substances à action œstrogénique n’ayant pas encore été envisagées précédemment comme xénobiotiques. Nous commençons par le propoxur (substance commercialisée sous le nom de Baygon°) qui appartient à la famille des insecticides carbamates. C’est encore une question de structure chimique avec le fameux cycle benzénique, source de confusion pour les récepteurs hormonaux. Ces insecticides sont largement employés dans les colliers antipuces et antitiques proposés aux chiens comme aux chats, des colliers possédant une toxicité redoutable : y réfléchir à deux fois !
Les mêmes commentaires quant à l’analogie de structure chimique prévalent vis-à-vis du propyl gallate, un additif alimentaire utilisé depuis 1948 pour stabiliser les aliments gras, les huiles, certaines gommes à mâcher, le lait en poudre, les emballages pour aliments huileux, plus entrant dans la composition de nombreux cosmétiques, adhésifs et lubrifiants.
Enfin, nous terminons par le 4-hexylresorcinol, un agent antibrunissement utilisé pour préserver les crevettes et autres crustacés. On retrouve en outre cette molécule œstrogène-like dans les crèmes contre l’acné, les shampoings antipelliculaires, les écrans solaires, les bains de bouche antiseptiques, les pastilles à sucer contre le mal de gorge, les pansements…
Il vous reste à lire vos étiquettes et à vous méfier, de façon générale, de tout xénobiotique !