Toujours dans l’optique du respect des normes physiologiques qu’il nous faut tenter de restaurer pour optimiser la santé, le moment est venu d’aborder l’épineuse question des hormones sexuelles après la ménopause. Contrairement à ce que la plupart pensent, les femmes continuent à produire de faibles doses d’hormones après l’arrêt des règles ; cette sécrétion a minima devrait normalement perdurer chez toute personne en bonne santé.
Prenons l’exemple du principal œstrogène, à savoir l’œstradiol : sa concentration sanguine chute d’un facteur dix (pour faire simple) une fois que les ovaires cessent de fonctionner. Toutefois, les hormonales sexuelles en provenance du cortex des glandes surrénales persistent et devraient fournir, si la fonction surrénalienne n’est pas elle-même déficiente, un taux résiduel d’hormones féminines, non seulement œstradiol mais aussi progestérone.
Contrairement à ce qui se passait pendant la vie reproductive, les sécrétions hormonales féminines de la ménopause ne fluctuent plus avec le cycle menstruel, dont la disparition caractérise précisément le nouvel état. Il s’agit d’un plateau de concentrations certes faibles mais il n’est nullement question d’une disparition des hormones sexuelles à la ménopause.
Il est essentiel de faire comprendre que, malgré l’absence de ces fluctuations mensuelles caractéristiques, les femmes ménopausées devraient continuer à bénéficier des nombreux rôles physiologiques de cette production hormonale résiduelle, en réalité indispensable à leur bien-être. C’est l’œstradiol qui donne le coup de fouet et le bon moral pour démarrer la journée, alors que la progestérone favorise la relaxation et un sommeil réparateur.
Je suis frappé par le manque total d’intérêt des approches médicales plus conventionnelles (faut-il dire conservatrices ?) en ce domaine. En Grande-Bretagne, le National Health Service (NHS) exprime uniquement le taux sanguin d’œstradiol, chez les femmes en âge de ménopause, comme inférieur à la valeur seuil. Pour être clair, leurs laboratoires indiquent seulement que la patiente se situe sous le taux établissant la frontière avec les femmes non ménopausées. Ils confirment ainsi le statut ménopausique mais ils ne fournissent aucune valeur : on ne peut donc évaluer le bien-fondé d’un traitement hormonal substitutif (THS).
Disons-le tout de go : ce THS possède une réputation épouvantable, tout particulièrement depuis la fameuse étude WHI (Women’s Health Initiative) publiée en deux volets dans The Journal of the American Medical Association (JAMA), en 2002 puis en 2004. Il faut bien reconnaître que les résultats sulfureux de cette étude n’avaient rien de surprenant… On y a étudié un traitement hormonal substitutif associant une forte dose d’œstrogènes conjugués équins (œstrogènes de jument, bien plus puissants que les œstrogènes humains) à une progestérone artificielle. Ceci implique des dosages élevés et standardisés (c’est-à-dire que toutes les femmes reçoivent le même traitement) combinant deux hormones étrangères à l’organisme humain et, qui plus est, administrées par voie orale. En bref, on retrouve tout ce qu’il faut pour augmenter les risques de cancer du sein et d’accidents cardiovasculaires.