La poterie fut inventée par les chasseurs-cueilleurs vivant en Extrême-Orient il y a 20.000 ans. Les céramiques les plus anciennes ont été attribuées à une peuplade japonaise appelée « Jomon » et certains artéfacts datant d’il y a 15.000 ans ont été examinés par les chercheurs du Département d’Archéologie de l’Université de York, en Angleterre. Ils ont utilisé une toute nouvelle technologie consistant à analyser les résidus alimentaires associés à ces poteries préhistoriques. Ils se sont particulièrement intéressés aux lipides isolés à partir des dépôts carbonisés encore présents à la surface de ces objets très anciens.
Devinez ce qu’ils ont trouvé : des traces de poissons d’eau douce et de poissons marins ! Oui, la céramique a été créée en tout premier lieu, il y a déjà 200 siècles, pour cuire et aussi conserver des poissons, confirmant toute sa noblesse à l’aliment fondateur de l’humanité !
Qu’est-ce que le poisson contient de si extraordinaire et que l’on ne trouve pas dans les viandes ? Ce ne sont pas les protéines de bonne qualité, le fer, le zinc, la vitamine B12 et le coenzyme Q10 présents tant dans les poissons que dans les viandes. Vous chauffez si vous mentionnez l’iode, mais les algues et le sel marin en fournissent davantage. Vous brûlez si vous évoquez la vitamine D, mais rien ne vaut les rayons du soleil en ce domaine.
Vous gagnez le gros lot si vous citez les acides gras oméga 3 à longue chaîne : EPA (acide eicosapentaénoïque) et DHA (acide docosapentaénoïque). On ne les trouve que dans les poissons et quelques algues particulières (ceci vaut surtout pour le DHA mais guère pour l’EPA). Ces deux acides gras poly-insaturés possèdent des propriétés exceptionnelles…
L’EPA constitue le plus puissant anti-inflammatoire naturel disponible dans l’organisme. Le DHA constitue la molécule la plus flexible du monde vivant, avec son nombre record de doubles liaisons (6) qui, toutes, fournissent un point d’inflexion. Dans le corps humain, tous les tissus les plus délicats – la rétine, les synapses (connexions entre les neurones) et les crêtes mitochondriales (là où se fabrique l’unité énergétique ou ATP) – sont bourrés à craquer de DHA. Partout où la lubrification joue un rôle essentiel, on retrouve le DHA.
Les végétariens stricts (parfois pour des raisons religieuses difficiles à mettre en question) et certains esprits chagrins (que je n’approuve pas du tout) vous rétorqueront que nous possédons l’ingénierie enzymatique nécessaire pour convertir l’acide alpha-linolénique en EPA puis en DHA, grâce à une succession d’enzymes appelés désaturases et élongases.
C’est exact mais il y a de grands obstacles ! Le premier consiste à se procurer ce fameux acide alpha-linolénique, car il est dit « essentiel », c’est-à-dire que nous ne pouvons le synthétiser. Il doit nécessairement venir de l’alimentation (huile de lin, huile de chanvre, un peu dans l’huile de colza et l’huile de noix) ou de la supplémentation (huile de perilla, huile de caméline). Ensuite, il faut convertir cet acide gras fondateur de la famille oméga 3 en acides gras plus insaturés et plus longs. Or, la première étape enzymatique est limitante.
Elle est assurée par l’enzyme appelé delta-6-désaturase, un véritable trublion trop facilement bloqué en cas de stress et dépendant de réserves adéquates en zinc, magnésium et vitamine B6 (les deux premiers effectivement surconsommés par le stress). En plus, cet enzyme dysfonctionne chez les enfants, les gens âgés, les femmes enceintes, les fumeurs, les buveurs d’alcool, les diabétiques, les obèses, les boulimiques et les anorexiques…
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