Faisons le point sur les nombreuses incompréhensions et méprises qui accablent les intolérances ou allergies alimentaires ! On entend tout et n’importe quoi dans ce domaine : pas seulement dans la bouche des patients mais aussi dans celle des médecins…
Tout d’abord, quelques définitions. L’emploi du terme «intolérance » signe l’absence d’intervention du système immunitaire dans la réaction. L’emploi du terme « allergie » implique une intervention du système immunitaire par l’intermédiaire d’un de ses deux grands versants : l’immunité cellulaire (via les globules blancs, soit les neutrophiles ou les lymphocytes) et l’immunité humorale (via les anticorps aussi appelés immunoglobulines).
Ces dernières se déclinent en plusieurs catégories et celles qui nous intéressent consistent en immunoglobulines IgE, IgG et IgA. Les allergies à IgE représentent des réactions immédiates, potentiellement graves (jusqu’au choc anaphylactique). C’est l’allergie alimentaire classique avec les picotements des lèvres, les muqueuses ou la peau gonflées et, dans les cas les plus sérieux, la gorge qui se resserre et conduit à l’étouffement. Ces IgE peuvent être détectées dans le sang ou par des tests cutanés appelés prick-tests. En général, les patients identifient bien ces allergies, même avant toute démarche diagnostique car ces réactions génèrent des symptômes flagrants, du moins la plupart du temps.
Les allergies à IgA correspondent à une pathologie précise, à savoir la maladie cœliaque (allergie sévère au gluten : ensemble de protéines issues de diverses céréales comme le blé, le seigle, l’orge et l’avoine). Cette affection entraîne de profondes perturbations de la muqueuse intestinale avec hyperperméabilité et malabsorption. Toute personne intéressée peut en apprendre beaucoup plus via mon site internet www.gmouton.com aux rubriques « articles » (références 7a, 7c & 7f) et « conférences » (voir section Nutrition & Function).
Les allergies à IgG reflètent des réactions immunitaires retardées, rarement génératrices de manifestations cliniques évidentes dans le décours immédiat de l’ingestion alimentaire. Elles restent donc le plus souvent méconnues par le patient sauf si on les recherche grâce à des tests sanguins (important : exigez des tests quantitatifs et pas qualitatifs). Il n’y a pas, dans ce cas, de détection possible par les tests cutanés comme avec les anticorps IgE.
Ces allergies IgG sont souvent appelées « hypersensibilité » alimentaire pour les distinguer clairement des allergies classiques à IgE. Cette terminologie ne me dérange aucunement, même s’il s’agit bel et bien d’allergies vu l’implication d’une réaction immunitaire, celle produisant des anticorps IgG. Les spécialistes bien inspirés les dénomment plutôt « allergies non-IgE », ce qui reflète la complexité des réactions immunitaires impliquées concernant en outre, du moins partiellement, l’immunité cellulaire.
Par contre, appeler ces allergies IgG des« intolérances » s’avère parfaitement détestable parce que c’est la source de graves confusions. Par définition, les intolérances représentent des réactions négatives aux aliments sans implication du système immunitaire. Le meilleur exemple réside en l’intolérance au lactose par absence de l’enzyme capable de digérer ce disaccharide, à savoir la lactase. Ceci n’implique aucunement le système immunitaire, comme c’est aussi le cas (du moins dans les limites de notre compréhension actuelle) vis-à-vis des sulfites ou du mono sodium glutamate (MSG), deux autres causes bien connues d’intolérance. Lorsque cette dernière concerne le lactose ou le fructose, la détection n’est possible que via un test d’haleine mais pas via des dosages sanguins ou des tests cutanés. La confusion des genres n’aide pas le patient à y voir clair, alors attention au vocabulaire !