Comprendre l’importance du ratio oméga-6/oméga-3
Oméga-6/oméga-3 : quel rapport idéal ?
Jusqu’en 2010 l’AFSSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments) préconisait un ratio de 5 pour 1, comme dans beaucoup de pays [1]. Par la suite ce ratio idéal a été abaissé à 4 pour 1 [2]. Même si les oméga-6 restent majoritaires
Ratio oméga-6/oméga-3 : alimentation ancestrale versus alimentation moderne
Les études anthropologiques et épidémiologiques ont montré que l’homme a évolué avec un ratio d’acides gras essentiels oméga-6/oméga-3 de 1/1 [3]. C’est ce ratio que l’on retrouvait au Paléolithique [4]. En comparaison, les diètes occidentales actuelles ont un ratio supérieur à 15/1 [5], parfois même évalué entre 20 et 30/1 [6] ! On comprend donc que l’alimentation moderne pose problème sur ce point, et sur bien d’autres paramètres d’ailleurs…
L’inflammation de bas grade ou l’ennemi masqué
L’inflammation est quelque chose d’assez abstrait pour les personnes qui ne sont pas du domaine médical. On voit bien ce que c’est (douleur, gonflement, rougeur et chaleur) mais on ne saurait pas vraiment expliquer de quoi il s’agit…L’inflammation est en fait un ensemble de réactions générées par l’organisme (via les globules blancs) suite à une agression subie (blessure, infection, traumatisme, etc.). Le mécanisme inflammatoire fait intervenir de nombreuses substances comme par exemple les prostaglandines et les cytokines. On imagine bien une inflammation forte puisqu’elle est douloureuse, mais il en existe un autre type : l’inflammation de bas grade (de bas niveau). Cette dernière est en dessous du seuil de perception de la douleur. Des molécules inflammatoires en excès (car en avoir un minimum est nécessaire) se propagent dans tout l’organisme (articulations, cœur, artères, cerveau, etc.) et causent de nombreux dégâts. Tout ceci sans que l’on s’en rende compte… Bien qu’il existe de nombreux paramètres, le ratio oméga-6/oméga-3 joue un rôle important dans l’inflammation de bas grade.
Oméga-6, inflammation et obésité
Comme nous l’avons vu précédemment un excès d’acide linoléique (chef de file des oméga-6) peut conduire à la formation d’acide arachidonique (AA), bien que la première enzyme mise à contribution (la delta-6 désaturase) soit limitante. On trouve par ailleurs aisément cet acide gras dans les produits animaux. L’AA peut ensuite servir à la fabrication d’une prostacycline favorisant la différentiation des pré-adipocytes en adipocytes (cellules spécialisées dans le stockage de graisses). Ce phénomène d’hyperplasie adipocytaire (multiplication des cellules grasses) est par ailleurs irréversible et peut mener à l’obésité. L’obésité, à son tour, va générer de l’inflammation qui va induire de nombreuses perturbations physiologiques. On peut aussi noter un cercle vicieux formé par l’inflammation et l’obésité abdominale : la graisse viscérale augmente l’inflammation, qui augmente la résistance à l’insuline, ce qui pousse le pancréas à sécréter plus d’insuline pour contenir la glycémie. L’hyperinsulinisme induit une augmentation de la lipogenèse, et ainsi de suite. Le régime alimentaire occidental est une source importante et directe d’AA de par la consommation de produits carnés. On voit donc que par de nombreux mécanismes l’excès d’oméga-6 et un ratio oméga-6/oméga-3 trop élevé sont hautement délétères.
Références :
- Martin A. Apports nutritionnels conseillés pour la population française, 3ème édition. Editions Tec&Doc 2001
- AFSSA. Avis de l’agence française de sécurité sanitaire des aliments relatif à l’actualisation des apports nutritionnels conseillés pour les acides gras. AFSSA – Saisine n°2006-SA-0359
- Simopoulos AP. Evolutionary aspects of omega-3 fatty acids in the food supply. Prostaglandins, Leukotriens and Essential Fatty Acids 1999; 60:421-429
- Eaton SB, Konner M. Paleolithic nutrition. A consideration of its nature and current implications. New Engl J Med 1985; 312:283-289
- Simopoulos AP. The importance of the ratio of omega-6/omega-3 essential fatty acids. Biomed Pharmacother 2002; 365-379
- Simopoulos AP. Essentail fatty caids in health and chronic disease. Am J Clin Nutr 1999 Sep;70(3 Suppl):560-9