Publié le 24-01-22 à 09h29 – Mis à jour le 24-01-22 à 09h48
Invité de l’émission « Il faut qu’on parle » sur DH Radio, l’épidémiologiste Yves Coppieters estime que les autorités belges ont un train de retard sur la pandémie et son évolution.
Écrire qu’Yves Coppieters n’est pas tendre envers le gouvernement belge est un euphémisme. Invité de DH Radio ce lundi matin, l’épidémiologiste et professeur de santé publique s’est montré assez critique sur les récentes décisions du Comité de concertation et sur le futur débat consacré à l’obligation vaccinale. Morceaux choisis.
1) Le CST renforcé? « Pas très correct »
Parmi les nouveautés annoncées lors du Codeco de vendredi dernier, le futur Covid Safe Ticket ne convainc pas Yves Coppieters.
« Le changement des conditions de validité du CST nous pousse à une obligation vaccinale. On va forcer les gens à prendre leur 3e dose, regrette ainsi l’épidémiologiste qui privilégie la pédagogie à la contrainte. De plus, réduire la durée de validité des certificats de rétablissement n’est pas très correct, surtout après une vague Omicron qui va en produire beaucoup. »
Face au choix de consolider un CST qui a déjà montré ses limites, « encore plus depuis l’arrivée du variant Omicron », Yves Coppieters « regrette toujours qu’il n’y ait pas eu de préparation à ces contraintes toujours plus importantes ».
2) Un nouveau baromètre: « Trop simpliste »
Comme plusieurs de ses confrères, le professeur de santé publique fustige également le baromètre présenté lors du dernier Codeco.
« On accouche de quelque chose de très simpliste » avec « une vision très médicalisée de la crise », résume l’expert de l’ULB: « Je ne vois pas le baromètre comme un vrai outil d’aide à la décision en santé publique. Et je ne vois pas, sur base des critères établis, comment ils vont prendre leurs décisions. Je pense que c’est plutôt un outil de justification des futures mesures qu’ils vont prendre. »
« Se baser sur trois indicateurs et quelques secteurs responsables, c’est une erreur », poursuit Yves Coppieters, persuadé que « ces indicateurs n’ont pas été adaptés à la réalité d’Omicron ». « Et puis, le baromètre met la responsabilité sur les citoyens et leurs comportements. D’un point de vue structurel, il n’y a pas d’efforts fournis ou de vision à long terme. »
3) Le débat sur l’obligation vaccinale: « Il arrive très tard »
À la veille du début des débats parlementaires sur l’obligation vaccinale, l’invité de Maxime Binet n’est pas plus convaincu par le timing de ces discussions.
Dans le contexte actuel, avec Omicron qui participe à une meilleure immunité collective tout en diminuant les risques de cas graves, « ce débat sur l’obligation vaccinale arrive très tard! »
« Ce pass vaccinal est en retard par rapport à la nouvelle réalité épidémiologique d’Omicron. On arrive dans un débat qui n’est plus d’actualité puisque ça ne va rien changer dans la vague Omicron, explique Yves Coppieters. Et si on imagine un pass vaccinal avec les vaccins que l’on a actuellement, ils ne seront pas efficaces par rapport à Omicron. »
« En termes de santé publique, tout ce qui est lié à une obligation ne fonctionne pas très bien car ça n’a une efficacité qu’à court terme. Après, les gens se lassent, poursuit-il. Je suis pour des stratégies beaucoup plus fortes chez celles et ceux qui courent le risque de faire des formes graves. »
Question: y a-t-il donc encore un intérêt à avoir une obligation vaccinale en Belgique? « De moins en moins », répond l’épidémiologiste.
Reste que l’expert fait confiance « à nos députés pour avoir un débat (sur l’obligation vaccinale, NDLR) pluraliste et multivisions ». Et tant pis si le débat « n’est centré que sur l’obligation vaccinale et le futur pass vaccinal, mais pas sur les questions de fond comme la stratégie à moyen terme sur la gestion de l’épidémie ».