7e et dernière partie sur les « Régulateurs cellulaires efficaces contre le cancer : grenade, curcuma, brocoli »
- Dans la partie 1, nous avons vu que la grenade, le brocoli et le curcuma sont étudiés dans de nombreuses études cliniques pour leurs effets anti-cancers notamment.
- Dans la partie 2, les effets généraux de la grenade et ses mécanismes d’actions anti-cancers sont évoqués.
- La partie 3 reprend les bienfaits de la grenade (fermentée) dans le cadre des cancers de la prostate, du sein, leucémie, cancer du poumon, de la vessie et du gros intestin.
- La partie 4 s’intéresse aux effets généraux anti-cancers de la curcumine et surtout à sa biodisponibilité.
- La partie 5 s’oriente vers 2 formes de curcumines fortement bio-disponibles et explique leurs propriétés anti-cancers et anti-dépression intéressantes.
- La partie 6 résume les effets anti-cancers du sulforaphane retrouvé principalement dans les graines de brocoli concassées ou dans les jeunes pousses.
Synergie de substances végétales contre le cancer de la prostate
Une étude significative sur les effets combinés de la grenade, de la curcumine, du brocoli et du thé vert sur les hommes souffrant d’un cancer de la prostate a été présentée en 2013 lors du congrès sur le cancer de l’American Society for Clinical Oncology (ASCO) (Thomas et al., 2013). 203 patients atteints d’un cancer de la prostate ont participé à cette étude en double aveugle : ceux-ci étaient soumis à une « surveillance active » (active surveillance) ou présentaient des valeurs de PSA en hausse après l’échec d’une thérapie primaire. Un placebo ou un extrait de grenade, thé vert, brocoli et curcuma riche en polyphénols leur a été administré pendant six mois. Alors que la valeur de PSA moyenne dans le groupe prenant les polyphénols n’a augmenté que de 14,7 % en moyenne après ces six mois, cette augmentation est portée à 78,5 % chez le groupe prenant le placebo. À la fin de l’étude, 61 participants (46 %) du groupe « polyphénols » présentaient une valeur de PSA stable ou même inférieure alors que, dans le groupe « placebo », c’était le cas pour seulement 9 personnes (14 %). Dans le groupe consommant des aliments riches en polyphénols, 114 participants à l’étude (92,6 %) ont pu poursuivre le traitement actuel sans effet secondaire pour seulement 38 participants (74 %) du groupe « placebo ». Aucun effet secondaire n’a ici été constaté.
Une alimentation végétale faible en graisses, une activité régulière et de la détente ont également un effet synergique intéressant, comme le montrent de nombreuses études d’intervention récentes sur le style de vie (Frattaroli et al., 2008 ; Hébert et al., 2012 ; Ornish et al., 2008a, 2008b, 2013 ; Saxe et al., 2001, 2006).
Effets antioxydants et détoxifiants grâce au Nrf2
Tout comme les effets anti-inflammatoires des polyphénols de grenade, des curcuminoïdes et du sulforaphane ont une influence sur les facteurs NF-kappaB tout en haut de la cascade inflammatoire, leurs effets antioxydants sont plutôt indirects grâce au renforcement des mécanismes de protection antioxydants endogènes.
Le point de départ central de ces trois principes actifs est le facteur de transcription Nrf2 (nuclear factor erythroid-2- related factor 2), déclenchant la transcription/traduction de plus de 500 gènes chez l’être humain. Le facteur Nrf2 protège les cellules en déclenchant des processus de désintoxication, ayant pour effet de séparer les xénobiotiques organiques et métaux toxiques. Le facteur Nrf2 déclenche des mécanismes antioxydants coordonnés grâce aux effets de plus d’une vingtaine de gènes. Il a en outre un effet anti-inflammatoire, stimule le développement des mitochondries ou améliore leur fonctionnement et stimule l’autophagie cellulaire par élimination des agrégats protéiques toxiques et des organites cellulaires défectueux.
Le facteur Nrf2 est également augmenté par d’autres facteurs favorisant la bonne santé, comme l’hormèse (stress oxydant de bas grade), l’activité physique et la restriction calorique. Différentes études menées sur des animaux et des êtres humains ont montré qu’un facteur Nrf2 régulé à la hausse pouvait avoir des effets préventifs et/ou thérapeutiques sur de nombreuses maladies inflammatoires chroniques. En font, par exemple, partie les maladies cardio-vasculaires, les affections rénales, les affections pulmonaires, les maladies causant des dégâts toxiques au foie, le cancer (prévention), le diabète / le syndrome métabolique / l’adiposité, la septicémie, les maladies auto-immunes, ainsi que les inflammations chroniques de l’intestin.
Une alimentation plus saine contient en outre de nombreux nutriments augmentant le facteur Nrf2. En font partie l’alimentation méditerranéenne traditionnelle, ainsi que le régime alimentaire traditionnel de l’île japonaise d’Okinawa, toutes deux riches en aliments végétaux, comme l’était l’alimentation de nos ancêtres. De tels nutriments manquent dans nos alimentations modernes. Outre la durée de vie, le facteur Nrf2 pourrait augmenter la durée de vie en bonne santé, une caractéristique essentiellement importante pour les personnes exposées régulièrement à des substances toxiques (Pall et Levine, 2015).
Résumé – Substances végétales secondaires contre le cancer
Même les meilleures denrées alimentaires ne sont pas en mesure de soigner le cancer. Dans le cadre d’une approche globale cependant, les régulateurs cellulaires naturels peuvent avoir une réelle efficacité en influençant de manière positive l’apparition et le traitement des cancers, essentiellement. Les polyphénols de la grenade, la curcumine du curcuma et le sulforaphane du brocoli ont tout particulièrement fait leurs preuves dans ce cadre, leur efficacité reposant sur l’influence exercée sur les voies de signalisation cellulaire.
Polyphénols de grenade
Les polyphénols de grenade agissent essentiellement contre les cancers hormono-dépendants, tels que le cancer de la prostate et le cancer du sein. Ceux-ci ont un effet anti-oestrogène, mais atténuent également les inflammations et le stress oxydant, jouant un rôle décisif dans le cancer de la prostate, par exemple, en inhibant le facteur de transcription NF-kappaB, inhibent la croissance des cellules tumorales et la formation de nouvelles cellules tumorales et favorisent le redifférenciation ou l’apoptose des cellules cancéreuses.
Curcumine
La curcumine agit sur un grand nombre de voies de signalisation cellulaire et facteurs de transcription et ralentit ainsi, entre autres, la croissance des cellules cancéreuses. La curcumine associée à un phospholipide est particulièrement disponible et a déjà fait ses preuves dans des essais cliniques. L’administration de doses de curcumine à partir de 200 mg (1.000 mg de complexe curcumine-phospholipide) par jour, selon l’indication, a fait ses preuves dans 24 essais cliniques.
Sulforaphane de brocoli
Le sulforaphane de brocoli influence le cycle cellulaire, l’apoptose, l’apparition d’inflammations, la défense antioxydante et les voies de signalisation cellulaire en général grâce à des mécanismes épigénétiques et a ainsi un effet contre le cancer. L’enzyme myrosinase contenue, par exemple, dans le raifort, le wasabi, les germes de brocoli crus et les graines de certains anciens types de brocoli, est requise pour rendre le sulforaphane disponible pour l’organisme. Les graines de brocoli et germes de brocoli crus sont eux-mêmes riches en glucoraphane et sulforaphane. La myrosinase contenue dans le brocoli est inactivée par la cuisson et le blanchiment. Des dosages de 10 à 25 mg sont suffisants en prévention. Un dosage efficace n’a pas encore été confirmé en cas de cancer déclaré.
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