Auteur: Alessandra d’Angelo — Rédactrice en Chef — Publié le 28 août 2023 à 13:47
L’ancien sous-secrétaire d’Etat à la science de Barak Obama enchaîne les conférences critiques sur les travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et bénéficie d’un beau succès en librairie. Malgré qu’il soit régulièrement étrillé par une certaine presse mainstream, dans une récente interview, Steve Koonin réaffirme que la thèse selon laquelle les émissions de dioxyde de carbone (CO2) sont à l’origine d’un « dangereux » réchauffement de la planète n’est pas démontrée. Les projections et les prévisions se noient dans l’erreur et les affirmations « scientifiques » sont dénuées de sens. Mieux, le scientifique met en garde sur la manière dont les filtres d’interprétation dans le processus d’élaboration des politiques ont façonné, et parfois désinformé, le débat sur la politique climatique. Sur les réseaux sociaux, dans son sillage grandissant, « Lisez Koonin et cessez de nous baratiner sur les effets du changement climatique » est la réplique cinglante des climato-réalistes aux alarmistes de tous bords. Un entretien à découvrir ici.
Réfuter l’argumentation dominante
Dans un entretien « Hot or Not : Steven Koonin Questions Conventional Climate Science and Methodology| Uncommon Knowledge », Steven Koonin explique au journaliste Peter Robinson pourquoi il remet en question la science conventionnelle du climat et sa méthodologie. Dans cette vaste discussion, basée en partie sur son livre « Unsettled : What Climate Science Tells Us, What It Doesn’t, and Why It Matters », publié en 2021 et traduit en français en 2022, le scientifique explique comment il a été « ébranlé par la prise de conscience que la science du climat était bien moins mature » qu’il ne l’avait « supposé » et que les « preuves accablantes » des implications catastrophiques du réchauffement climatique anthropique n’étaient pas si accablantes que cela.
Ce faisant, le physicien donne un coup de pied dans le nid à frelons en affirmant que la « science » concernant le climat de notre planète est loin d’être « établie ». Il s’agit, pourtant d’un sujet qui semble une fois pour toute « réglé », à tort, dans l’esprit de la plupart des experts, des politiciens et de la majorité de la population.
De l’incertitude pour principe
« Les experts partent du postulat que l’homme réchauffe la planète, que le dioxyde de carbone s’accumule dans l’atmosphère et cause toutes sortes de problèmes, faisant fondre les calottes glaciaires, réchauffant les océans, etc. Les données ne confirment pas tout cela. Et les projections de ce qui se passera à l’avenir reposent sur des modèles qui sont, disons, au mieux, incertains », explique Steve Koonin.
Et de préciser dans son ouvrage : « La terre s’est réchauffée au cours du siècle dernier, en partie à cause de phénomènes naturels et en partie en réponse aux influences humaines croissantes. Ces influences humaines (surtout l’accumulation de CO2 provenant de la combustion de combustibles fossiles) exercent un effet physiquement faible sur le système climatique complexe. Malheureusement, nos observations et notre compréhension limitées sont insuffisantes pour quantifier utilement comment le climat réagira aux influences humaines ou comment il varie naturellement. Cependant, alors même que les influences humaines ont quintuplé depuis 1950 et que le globe s’est légèrement réchauffé, les phénomènes météorologiques les plus sévères restent dans les limites de la variabilité passée. Les projections des événements climatiques et météorologiques futurs reposent sur des modèles manifestement inadaptés à cet objectif. » (Koonin, 2021, p. 24)
Cette citation est particulièrement importante car de nombreux citoyens ne se rendent pas compte que l’impact humain sur le climat n’a jamais été observé ou mesuré dans la nature. Ils considèrent que c’est un fait, mais le GIEC n’a jamais fourni qu’une estimation très approximative basée sur des modèles météorologiques et climatiques inadaptés à cette fin. Aucune affirmation ne peut donc en être tirée et c’est pourtant le lieux-commun véhiculé : les êtres humains et le CO2 détruisent la planète ! Pire, « Les chercheurs ont réglé leur modèle pour rendre sa sensibilité aux gaz à effet de serre conforme à ce qu’ils pensaient qu’il devrait être. Une discussion de cuisine. » (Koonin, 2021, p. 93)
Une déconnexion médiatico-politique
Steven Koonin déplore à la fois la perte d’honnêteté, mais aussi la perte de conscience de l’importance de l’honnêteté et de la vérité dans les médias et la politique aujourd’hui.
« Le GIEC prend des documents, les évalue et les résume et, en général, il fait du bon travail à ce niveau. Il n’y a pas grand-chose de politique là-dedans, même s’ils peuvent se disputer entre eux sur les adjectifs et les adverbes ; « c’est extrêmement certain », ou « improbable » ou « très improbable » et ainsi de suite. Mais dans l’ensemble, c’est plutôt bien. Là où les choses se gâtent, c’est à l’étape suivante (…) Personne qui n’est pas profondément impliqué dans le domaine ne va lire tout cela. Il existe donc un processus formel de création d’un « résumé pour les décideurs politiques », qui est initialement rédigé par les gouvernements et non par les scientifiques ! Et c’est là que la déconnexion se produit ».
Et le physicien de donner un exemple : « Dans le dernier rapport, le « résumé à l’intention des décideurs politiques » parle des décès dus à la chaleur extrême – des décès supplémentaires – et dit que la chaleur extrême ou les vagues de chaleur ont contribué à la « mortalité », ce qui est vrai. Mais ils ont oublié de dire que le réchauffement de la planète diminue l’incidence des épisodes de froid extrême. Et comme neuf fois plus de personnes dans le monde meurent de froid extrême que de chaleur extrême, le réchauffement de la planète a en fait réduit considérablement le nombre de décès dus aux températures extrêmes », mais ça, on se garde bien de le dire dans les messages médiatico-politiques.
Et si la raison l’emportait enfin ?
« Il y a deux immoralités ici. L’une est le traitement immoral des pays en développement (sur le sujet). L’autre immoralité consiste à effrayer la jeune génération. Et c’est doublement dangereux parce que cela se passe principalement en Occident et non en Chine ou en Inde. J’ai essayé. Je vais parler dans les universités et, bien sûr, le public auquel je m’adresse tend à être quantitatif et axé sur les faits. Les esprits s’ouvrent donc si les yeux s’ouvrent ». Et de poursuivre : « Je pense qu’aux États-Unis, le problème finira par se résoudre de lui-même plus vite parce que la voie dans laquelle nous nous engageons commence à avoir un impact sur la vie quotidienne des gens. L’électricité devient de plus en plus chère, [et] vous ne pourrez plus acheter de voiture à combustion interne d’ici 10 ou 15 ans. Si vous êtes en Californie, les gens vont dire « attendez une seconde », comme c’est déjà le cas en Europe, au Royaume-Uni, en Allemagne et en France. Je pense qu’à un moment donné, tout cela retombera sur terre et que nous deviendrons plus raisonnables ». Cqfd ….
Note de la rédaction : Steven E. Koonin est un physicien américain directeur du Center for Urban Science and Progress de l’Université de New York. Il est également professeur au département de génie civil et urbain de la Tandon School of Engineering de l’université de New York. Il a écrit plus de 200 articles et publications universitaires. Ils ont été cités plus de 14.000 fois selon Google Scholar. Ils concernent principalement ses centres d’intérêt pour la physique nucléaire et atomique. Steven Koonin a également écrit sur les biocarburants, l’énergie, la science du climat et l’analyse du génome humain. Il a également été président du petit groupe JASON, réunissant des scientifiques qui conseillent le Pentagone et d’autres agences fédérales. Le crédit scientifique du Pr. Koonin n’est pas contestable.
Pour voir l’intégralité de l’entretien :