Source : factuel.afp.com — Publié le mercredi 13 janvier 2021 à 18:05
De nombreuses publications dans différentes langues et dans plusieurs régions du monde, partagées sur les réseaux sociaux, présentent l’ivermectine, un médicament anti-parasitaire, comme un traitement éprouvé contre le Covid-19, voire un remède « miracle ». Mais c’est trompeur : à ce jour, son efficacité n’est pas démontrée et il n’est pas possible d’affirmer scientifiquement que c’est un médicament qui prévient ou guérit cette maladie, ont expliqué plusieurs experts et institutions.
L’ivermectine est un médicament – à usage vétérinaire et humain – utilisé contre des parasites, comme la gale, la cécité des rivières (onchocercose) ou encore les poux.
Depuis de nombreuses semaines, on trouve des publications Facebook vantant les mérites de l’ivermectine au Brésil, en Afrique du Sud ou en Corée du Sud.
« Le +médicament miracle+ Ivermectine. Il n’est pas toxique. Je pense que c’est un don de Dieu pour sauver la race humaine du Covid-19 », affirme par exemple cette publication Facebook du 31 décembre en coréen.
Cependant, si une étude a observé une efficacité in vitro (en laboratoire), de l’ivermectine sur le Sars-CoV-2, son efficacité sur l’homme n’est à ce jour pas démontrée, ont expliqué experts et institutions car n’y a pas de preuves scientifiques suffisamment solides.
Pour asseoir leur message, ses défenseurs mettent en avant des travaux scientifiques qui sont de portée très réduite, ont des limites importantes et/ou ne sont pas encore publiés et validés par des experts indépendants.
En Amérique latine, la promotion de l’ivermectine est particulièrement intense depuis plusieurs mois déjà, au point que l’AFP a déjà publié plusieurs articles de vérification en espagnol et en portugais (1, 2, 3) sur le sujet.
Encore le 5 janvier dernier, le président brésilien Jair Bolsonaro, qui avait déjà promu ces derniers mois un autre médicament à l’efficacité anti-Covid non prouvée, l’hydroxychloroquine, s’est lui-même fait l’apôtre de l’ivermectine sur Twitter.
En octobre 2020, la revue scientifique Nature a consacré un article à « l’engouement pour un traitement non prouvé contre le Covid [qui] complique les essais de médicaments », des scientifiques locaux expliquant que, comme un grand nombre de personnes avaient d’eux-mêmes déjà pris de l’ivermectine, ils ne pouvaient participer aux essais cliniques destinés à déterminer si le médicament avait ou non un effet sur la maladie.
Des affirmations trompeuses sur l’ivermectine sont aussi relayées en français, par exemple ici sur ce site qui promeut les thérapies dites « alternatives » et/ou « naturelles ».
L’article publié le 16 décembre a déjà été partagé au moins 1.400 fois sur des groupes et pages Facebook selon le logiciel de mesure d’audience Crowdtangle. Il affirme, à tort, que « toutes les preuves scientifiques montrent l’efficacité de l’ivermectine ».