Publié le 03/02/2022 à 14h54, Lecture 2 min. Sihem Boultif Journaliste santé
Le discours tenu par le directeur du centre de transplantation pulmonaire de Mont-Godinne à Namur en Belgique a fait bondir le Dr Gérald Kierzek, qui dénonce des propos à la fois faux sur le plan scientifique mais aussi contraire à l’éthique médicale.Sommaire
3 | Sortir de cette spirale négative
Patrick Evrard, directeur du centre de transplantation pulmonaire de Mont-Godinne à Namur en Belgique, estime que « Greffer un non-vacciné, c’est gaspiller un organe », car pratiquer une greffe pulmonaire sur un patient non-vacciné au Covid, c’est prendre un important risque de décès.
Des propos inadmissibles
« En plus d’être totalement faux, ces propos sont contraires à l’éthique et à la déontologie médicales » explique le Dr Kierzek, médecin urgentiste à l’Hôtel-Dieu à Paris et directeur médical de Doctissimo. « C’est une petite musique inquiétante, qui se fait entendre en France, de plus en plus. Cela a commencé avec le « j’emmerde les non-vaccinés » d’Emmanuel Macron. Puis cela a continué par voie de presse avec les deux tribunes publiées sur les non-vaccinés : celle dans le Parisien par le Dr David Smadja et l’avocat Benjamin Fellous, pour qui la loi doit « sanctionner » ceux qui refusent le vaccin ou celle d’André Grimaldi, professeur émérite au CHU Pitié-Salpêtrière qui parle de « choix de ne pas être réanimés » pour les non-vaccinés… C’est encore plus grave aux Etats-Unis, où un patient de 31 ans a été retiré des listes d’attente de greffe car il n’était pas vacciné » estime le médecin.
Code d’éthique et serment d’Hippocrate
Le Dr Gérald Kierzek rappelle que tous les médecins sont soumis au serment d’Hippocrate, qui précise que le médecin doit « respecter toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions » mais aussi l’article 7 du code de déontologie de la médecine, rattaché au code de la Santé publique en France, qui stipule que « le médecin doit écouter, examiner, conseiller ou soigner avec la même conscience toutes les personnes quels que soient leur origine, leurs moeurs et leur situation de famille, leur appartenance ou leur non-appartenance à une ethnie, une nation ou une religion déterminée, leur handicap ou leur état de santé, leur réputation ou les sentiments qu’il peut éprouver à leur égard ».
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Sortir de cette spirale négative
Pour Gérald Kierzek, on ne peut pas pointer les non-vaccinés du doigt : « Aujourd’hui ce sont eux et demain on blâmera le fumeur d’avoir fumé ? L’alcoolique d’avoir bu ? La personne sédentaire ne pourra pas être soignée pour son infarctus du myocarde ? On ne classe pas les patients comme étant « bons citoyens ou bons élèves ou mauvais citoyens, mauvais élèves… « . Et le médecin pousse son raisonnement encore plus loin : « Si les non-vaccinés gaspillent les greffons, que fait-on des organes des donneurs non- vaccinés ? ».
« Il faut rapidement sortir de cette spirale où nous sommes tous perdants, au final » conclut avec raison le Dr Kierzek.
