Quel est le statut en vitamine D des femmes atteintes d’endométriose ?
Des taux abaissés de vitamine D ont été retrouvés chez les femmes atteintes d’endométriose.1 2 On ne sait pas si cela peut être en cause dans la genèse de la maladie, mais il est probable que la vitamine D soit très utile dans cette pathologie.3
La vitamine D est anti-inflammatoire
Il est scientifiquement admis que la vitamine D possède une action anti-inflammatoire et qu’elle a probablement un rôle à jouer dans toutes les maladies inflammatoires.4
Plus précisément pour l’endométriose elle pourrait réduire certains médiateurs de l’inflammation (interleukine-1 bêta, Tumor Necrosis Factor-alpha), ainsi que les métalloprotéinases matricielles, tous ces éléments étant impliqués dans la physiologie de la maladie.
Dans une étude in vitro des cellules endométriosiques ont été traitées avec de la vitamine D active et le profil d’expression génique a été analysé.5 Les chercheurs ont constaté une réduction des taux d’ARN messager des cytokines inflammatoires IL-1β et TNF-α, et des métalloprotéinases matricielles MMP-2 et MMP-9. Le traitement par vitamine D pourrait réduire de manière significative les réponses inflammatoires induites par l’IL-1β et le TNFα, telles que l’activité des prostaglandines et d’autres médiateurs inflammatoires, selon les conclusions des auteurs.
Elle agit sur d’autres mécanismes cellulaires impliqués dans l’endométriose
La vitamine D diminue la prolifération cellulaire, favorise l’apoptose (mort cellulaire), et diminue le VEGF (facteur de croissance qui fait croitre les vaisseaux sanguins qui nourrissent les lésions endométriosiques), tous ces processus faisant partie de la physiopathologie de l’endométriose.6
La vitamine D possède des effets anti-œstrogéniques
Une étude dans le domaine de la rhumatologie a suggéré que la vitamine D active -1,25(OH)2D3 – pouvait réguler à la baisse la production de cytokines pro-inflammatoires dans les macrophages activés humains, en diminuant de manière significative l’activité de l’aromatase, une enzyme permettant la formation d’œstrogènes à partir d’androgènes.7 Or l’aromatase est surexprimée dans l’endométriose…
Une étude sur des cellules cancéreuses du sein suggère que les effets antiprolifératifs de la 1,25(OH)2D3 pourraient être partiellement médiés par leur action de régulation à la baisse des récepteurs aux œstrogènes, ce qui atténuerait ainsi les réponses œstrogéniques.8
La supplémentation en vitamine D testée avec succès chez des femmes atteintes d’endométriose !
Un essai clinique randomisé, en double aveugle, contrôlé par placebo, a été mené auprès de 60 patientes atteintes d’endométriose âgées de 18 à 40 ans.9 Les participantes ont été réparties au hasard en deux groupes (30 participants dans chaque groupe) et ont reçu soit 50 000 UI de vitamine D, soit un placebo, toutes les 2 semaines pendant 12 semaines. Cette dose de vitamine D équivaut en moyenne à un peu plus de 3500 UI par jour.
Par rapport au placebo, la vitamine D a :
- Réduit la douleur pelvienne ;
- Diminué significativement la CRP ultrasensible, un marqueur de l’inflammation ;
- Augmenté la capacité antioxydante totale (TAC) ;
- Et diminué le rapport cholestérol total / HDL, donc amélioré le profil cardio-métabolique.
Le duo D3 + K2 est probablement encore meilleur
On préconise généralement l’ajout de la vitamine K2 aux doses fortes de vitamine D3 pour éviter les calcifications (dans les artères, les tendons et les reins). Mais il se trouve que la vitamine K2 a d’autres atouts, notamment son activité anti-inflammatoire.
Il est démontré scientifiquement que la vitamine K peut inhiber NF-kappaB, d’où son action anti-inflammatoire.10 Autre point important : la vitamine K2 inhibe les métalloprotéinases matricielles (des enzymes impliquées dans l’endométriose) en supprimant justement l’activité du NF-kappaB.11
Conclusion
Évaluer le taux de vitamine D avec une prise de sang est un bilan biologique indispensable en cas d’endométriose. Corriger le déficit s’il y a, semble apporter des bénéfices au-delà des actions sur le métabolisme osseux, puisque la vitamine D module différentes molécules sur le plan cellulaire (dont de nombreux mécanismes impliqués dans l’endométriose). L’ajout de vitamine K2 est un élément complémentaire et cohérent.
Références
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- Derakhshan M, Derakhshan M, Hedayat P, Shiasi M, Sadeghi E. Vitamin D Deficiency May Be a Modifiable Risk Factor in Women With Endometriosis. CJMB 2018; 5: 292-296.
- Giampaolino P, Della Corte L, Foreste V, Bifulco G. Is there a Relationship Between Vitamin D and Endometriosis? An Overview of the Literature. Curr Pharm Des. 2019;25(22):2421-2427.
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