Le confinement a plongé de nombreux Français dans la précarité, alerte le Secours populaire
« Nous n’avons jamais vécu une situation pareille depuis la Deuxième Guerre mondiale »
C’est une nouvelle alerte que lance le Secours populaire : la précarité a largement augmenté durant le confinement. Ce sont près de 1,3 million de personnes qui ont sollicité l’aide de l’association durant ces 2 mois. Fait nouveau, près de 45 % des personnes demandant de l’aide le faisaient pour la première fois.
Près de 1,3 million de personnes ont sollicité l’aide du Secours populaire durant le confinement
Les chiffres présentés par le Secours populaire sont édifiants : près de 1,3 million de personnes ont demandé l’aide du Secours populaire durant les 2 mois de confinement. Le dernier baromètre de l’association, publié le 30 septembre, fait état de chiffres grandissants. Durant les 2 mois du confinement, 1 270 000 personnes ont demandé de l’aide au Secours populaire, alors que ces chiffres étaient de 3,3 millions durant toute l’année 2019.
Autre nouveauté, parmi ces demandeurs, 45 % étaient inconnus des services du Secours populaire. En d’autres termes, c’est la première fois qu’ils demandaient de l’aide, signe que la crise se généralise. De nombreux travailleurs demandent désormais de l’aide, notamment des auto-entrepreneurs, des commerçants, intérimaires, intermittents…
Nous n’avons jamais vécu une situation pareille depuis la Seconde Guerre mondiale
Henriette Steinberg, secrétaire générale de l’association, s’alarme de ce chiffre de 45 % : « Un chiffre absolument énorme. Mais j’ai bien peur que ce soit encore en train d’augmenter », ajoute-t-elle. « Nous n’avons jamais vécu une situation pareille depuis la Deuxième Guerre mondiale, et il y a urgence », poursuit-elle. « Beaucoup n’avaient jamais demandé d’aide à personne. Et là, non seulement ils n’ont plus de quoi se nourrir, mais ils ne peuvent plus payer leur loyer, ni l’électricité. »
Les étudiants sont particulièrement touchés. Kab Niang, responsable de l’antenne du Secours populaire à l’université Paris-8, a fait livrer plus de 1 800 colis alimentaires à ses camarades durant le confinement. « D’habitude on fait une cinquantaine de colis par mois. Mais en vingt-quatre heures, j’ai reçu 250 demandes. Et chaque semaine, les demandes étaient plus nombreuses », explique-t-il. « Beaucoup d’entre nous n’avaient plus aucune source de revenus, c’était la galère, même pour payer un loyer de 300 euros en coloc ou en chambre universitaire », ajoute cet étudiant de littérature française en master. Il ne s’est pas contenté de ces actions puisqu’il a, avec ses professeurs, lancé une cagnotte en ligne, et récolté jusqu’à 50 000 €. « De quoi acheter des fruits, des légumes ou des produits d’hygiène, mais aussi un ‘fonds d’urgence’ pour aider ceux qui avaient le plus de mal à payer leurs factures », précise-t-il. Selon lui, les demandes ont un peu diminué mais ne sont pas près de s’arrêter. « Certains étudiants ont arrêté leurs études, après avoir perdu leur appart et leur boulot, ils sont découragés », se lamente cet étudiant. En ce qui concerne les employeurs, « ils ne veulent pas renouveler leurs CDD, car c’est trop incertain, si demain on reconfine ».
Les malheurs risquent de continuer, puisque 800 000 suppressions d’emplois sont attendues cette année, selon la Banque de France. À l’échelle mondiale, selon l’ONU, 130 millions de personnes supplémentaires pourraient sombrer dans la faim chronique. C’est grâce à l’aide d’associations que beaucoup de personnes survivent, mais cela ne suffit pas, et il faudrait bien sûr que les États prennent en charge leurs concitoyens démunis par une crise que personne ne pouvait prévoir.