Nous en étions restés au fait avéré que les précieux acides gras à longue chaîne EPA et DHA, les fleurons de la famille oméga 3, ne s’obtiennent guère en transformant les huiles végétales riches en omégas 3 à cause des multiples obstacles émaillant la voie métabolique. On en revient à nos principes fondamentaux : la consommation de poissons (si possible gras) ; à défaut, envisager la prise de compléments alimentaires riches en EPA et/ou DHA.
Pour les sceptiques, je voudrais quand même rappeler que la théorie fondatrice de l’humanité la plus en vogue consiste à penser que certains grands singes sont devenus des hommes parce qu’ils se sont mis à manger les poissons des grands lacs du Rift est-africain. Cette immense vallée de 6.000 kilomètres de long et de 50 kilomètres de large constitue, en effet, le berceau de l’humanité, qu’il s’agisse de l’ancêtre Lucy découverte en Ethiopie ou des formidables fossiles trouvés sur les rives du Lac Turkana au Kenya.
Je vous le concède, c’est une théorie qui reste à démontrer ! Mais le concept du « poisson ultra contaminé aux métaux lourds et autres polluants, donc à ne surtout pas consommer » en est une autre ! Il est exact que certains poissons carnivores et de grande taille, comme le requin, l’espadon et certains thons, sont contaminés car ils se situent au sommet de la chaîne alimentaire, concentrant ainsi le mercure… Mais qui voudrait manger du requin ?
Ceci dit, je ne vois pas quels seraient les problèmes avec les petits poissons gras que sont les sardines, les harengs, les anchois et les maquereaux (pas le « king mackerel » du golfe du Mexique, des eaux très polluées à l’origine de la hantise des Américains vis-à-vis des métaux lourds dans leurs poissons). Je suis désolé, mais je ne vois pas de chiffres fiables les concernant et démontrant des concentrations toxiques en métaux lourds ou en PCB, quoiqu’on en dise. Tout le monde en parle mais personne ne donne de preuves ! En plus, il s’agit bien de poissons sauvages qui échappent à l’abomination de la pisciculture.
Il est faux de dire que les poissons d’élevage ne contiennent pas d’omégas 3, car ils ne bougent pas beaucoup et accumulent de la graisse. Cette dernière dépend évidemment de ce qu’ils mangent et là, on risque de trouver beaucoup de problèmes résultant de la nourriture qu’ils reçoivent et surtout des antibiotiques employés pour lutter contre les infections si fréquentes dans ces milieux concentrationnaires. On commence en outre à parler de poissons OGM, en particulier de saumons « Frankenstein » grossissant aussi vite que des ballons de baudruche : c’est triste.
Tout comme on dit qu’il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, je persiste à recommander les petits poissons sauvages mentionnés ci-dessus en dépit du torrent de critiques pleuvant vis-à-vis des poissons. On peut aussi consommer les sardines, harengs, anchois et maquereaux en conserve : cela n’abîme pas la qualité des acides gras omégas 3, ni leur teneur. Quel est donc le rôle du lobby de la viande dans le concert de lamentations ?
Pourquoi s’en prendre ainsi aux poissons alors que « tout » est contaminé ? Pourquoi est-ce que les animaux terrestres échapperaient à la pollution et les plantes ne constituent-elles pas la principale cible des OGM ? Je prétends, moi, que notre petite sardine sauvage n’a pas besoin d’un label « bio » alors qu’elle nous apporte les meilleurs nutriments à petit prix.
Je veux bien partager un souci, c’est celui de la nécessité d’instaurer le principe de la pêche durable, pour autant qu’il soit bien appliqué. Pour de belles illustrations des poissons gras, je vous recommande la conférence sur les « Acides Gras » : voir onglet « Conferences / Polyunsaturated Fatty Acids », rubrique 9b, sur mon site internet www.gmouton.com.