Demandez simplement à une personne dans la rue ce qu’elle a entendu au sujet de la nutrition et elle vous répondra « tout et son contraire ». Comment expliquer un tel degré de confusion ? En réalité les explications sont plutôt simples…
La science nutritionnelle progresse
Bien que la nutrition puisse être considérée comme une discipline extrêmement ancienne, remontant à l’antiquité (Hippocrate), les connaissances en nutrition ont explosé ces vingt dernières années. Ainsi, des concepts empiriques ont été remplacés par des théories pseudoscientifiques, puis par de réelles données issues de la recherche en nutrition. On constate donc une certaine obsolescence dans ce domaine, un peu à l’instar des nouvelles technologies. Par ailleurs changer les idées préconçues du grand public mais aussi des professionnels de la santé est un véritable challenge, surtout quand on change de paradigme :
- manger gras pour maigrir,
- soigner l’inflammation par les acides gras,
- diminuer les produits laitiers pour réduire son risque d’ostéoporose en jouant sur l’équilibre acido-basique, etc.
Certains restent dubitatifs, très dubitatifs, alors que les preuves s’accumulent.
Des courants mais pas toujours des preuves
Un autre élément menant à l’incompréhension générale est l’apparition de nombreux courants en nutrition. On peut notamment citer le végétarisme, le végétalisme, le régime Seignalet et le régime Paléo. Les paramètres nutritionnels (répartition des macronutriments) et surtout les choix d’aliments peuvent être assez différents voire opposés dans ces modèles alimentaires. Parfois les théories sont construites sur une quantité de preuves insuffisante. Il est toutefois important de noter que ces régimes peuvent TOUS donner des résultats positifs sur la santé, ce qui concourt aussi à un haut degré de confusion. C’est certainement l’idée d’une universalité (régime bon pour tout le monde) qui rend le concept moins juste.
Un nutritionniste qui change d’avis est un bon nutritionniste
Un jour j’ai vu ce commentaire d’un internaute au sujet d’un nutritionniste :
Il n’est pas fiable, il change tout le temps d’avis !
Je dirais qu’au contraire c’est plutôt bon signe ! Une personne qui accepte de se remettre en cause et corriger ce qu’elle a dit précédemment est certainement beaucoup plus intelligente et compétente qu’une autre qui reste campée sur ses positions, peut-être fausses. En nutrition il peut y avoir un gros décalage entre ce que dit la science, ce que disent les professionnels de santé, et encore plus, ce que transmettent les messages de santé publique. Il faut donc être vigilent dans une société où l’information devient omniprésente. L’esprit critique, la capacité d’adaptation et la prise de recul sont des qualités essentielles en nutrition.
Médecine fonctionnelle et nutritionnelle, nutrition fonctionnelle : l’avenir
Bien que la médecine se soit archi-spécialisée au fil du temps, on voit émerger la médecine fonctionnelle et nutritionnelle qui met en lumière une approche globale, non reliée à un organe en particulier, mais à un ensemble de systèmes (par exemple organes, microbiotes, barrières, immunité et autres fonctions spécifiques) interagissant les uns avec les autres. La nutrition et la micronutrition y tiennent une place très importante. Cette approche permet des actions aussi bien en préventif qu’en curatif, le traitement symptomatique laissant place au traitement étiologique. C’est déjà le présent (enfin plutôt dans un milieu encore alternatif) mais c’est probablement la médecine du futur.